Selon Plotin, (néoplatonicien) les choses sensibles ne sont belles qu’à la condition d’exprimer une idée. Les idées sont la source même de la vie. |
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Prévention sur la lecture des Ennéades : | |
L’ordre (de lecture des Livres des Ennéades ) de Porphyre, de M. Creuzer et de M. Bouillet, est un ordre tellement faux que le premier livre de la première Ennéade se trouve être une des dernières productions de Plotin, une des plus faibles et des plus confuses. C’est au point que le savant traducteur s’est cru obligé de composer une note qui à elle seule est tout un mémoire, rien que pour faciliter au lecteur l’intelligence des premières pages de Plotin. J’ai lu la note de M. Bouillet avec infiniment de plaisir et de fruit, j’ai admiré l’exactitude et l’étendue de son érudition, mais je regrette pour Plotin que cette savante note ait été nécessaire. Je crains que la première Ennéade ne fasse tort aux autres, qu’elle ne rebute et ne décourage beaucoup de lecteurs. |
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Ils auront tort, car, s’ils pouvaient surmonter cette première impression et aller jusqu’au bout, je leur promettrais d’être récompensés de leur courage par de grandes beautés de pensée et de style. Quoi de plus ingénieux, de plus animé et de plus brillant que ce livre sur la Beauté, le premier que Plotin ait écrit et qui eût formé pour le reste de l’édifice un péristyle si noble et si majestueux ! |
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du Beau, Plotin prélude en séparant les beautés qui frappent nos sens,
1) D’où vient cette pale et imparfaite beauté qui se rencontre dans certaines choses matérielles ? Ce n’est pas de la matière, qui par elle-même est inerte et sans vie. Serait-ce de la symétrie ou de la proportion des parties ? Mais alors l’ensemble seul serait beau, et les parties n’auraient aucune beauté. Les couleurs, qui pourtant sont belles, comme la lumière du soleil, mais qui sont simples et qui n’empruntent pas leur éclat à la proportion, seraient exclues du rang des belles choses. Selon Plotin, les choses sensibles ne sont belles qu’à la condition d’exprimer une idée. Les idées sont la source même de la vie. C’est l’idée qui, répandue dans l’objet matériel, en façonne et en proportionne toutes les parties et lui imprime le cachet de l’unité. Ainsi, point de beauté là où ne se rencontrent pas la vie, l’unité, l’expression, et c’est l’idée qui fait l’expression, l’unité et la vie. Le beau, étant quelque chose d’essentiellement idéal, ne s’adresse pas aux sens, mais à l’âme. Et ce n’est pas hors d’elle que l’âme saisit et contemple la beauté, c’est en elle-même : « Quand les sens, dit Plotin, aperçoivent dans un objet la forme, l’idée qui enchaîne, unit et maîtrise une substance, quand ils voient une figure qui se distingue des autres par son élégance, alors l’âme, réunissant ces élémens multiples, les rapproche, les compare à la forme indivisible qu’elle porte en elle-même, et prononce leur accord, leur affinité et leur sympathie avec ce type intérieur. C’est ainsi que l’homme de bien, apercevant dans un jeune homme le caractère de la vertu, en est agréablement frappé, parce qu’il le trouve en harmonie avec le vrai type de la vertu qu’il porte en lui. » Cette théorie explique la beauté des couleurs et celle des sons. 2) Mais laissons là les choses matérielles pour nous élever à la contemplation de ces beautés d’un ordre supérieur que l’âme voit sans le secours des organes. De même que l’aveugle ne peut juger des couleurs, l’âme ne peut saisir les beautés intellectuelles, la beauté des vertus, la beauté des sciences, que si elle les possède au dedans d’elle-même. En quoi consiste cette beauté intérieure de l’âme que l’âme ne peut connaître qu’à condition de la posséder ? Ce qui fait la laideur de l’âme, ce sont les vices, et les vices ont pour effet de répandre l’âme dans les choses corporelles, de lui faire perdre son indépendance, sa pureté, sa vie et son essence propres. Écoutons Plotin : L’antiquité a donc raison de dire que toute vertu est une purification. Ainsi donc, le beau est identique au bien, comme le laid au mal. Et maintenant que faire pour jouir de la beauté à tous ses degrés et pour remonter cette échelle divine qui, partant des beaux corps, monte vers les belles âmes, et de là jusqu’à la beauté ineffable, cachée au fond du sanctuaire, interdite au regard des profanes ? « Qu’il s’avance, s’écrie Plotin, qu’il s’avance dans ce sanctuaire, qu’il y pénètre, celui qui en a la force, en fermant les yeux au spectacle des choses terrestres, et sans jeter un regard en arrière sur les corps dont les grâces le charmaient jadis. S’il aperçoit encore des beautés corporelles, il ne doit plus courir vers elles, mais, sachant qu’elles ne sont que des images, des vestiges et des ombres d’un principe supérieur, il les fuira pour celui dont elles ne sont que le reflet. Quiconque se laisserait égarer à la poursuite de ces vains fantômes, les prenant pour la réalité, n’aurait qu’une image aussi fugitive que la forme mobile reflétée par les eaux, et ressemblerait à cet insensé qui, voulant saisir cette image, disparut lui-même, dit la fable, entraîné dans le courant. De même celui qui voudra embrasser les beautés corporelles et ne pas s’en détacher précipitera non point son corps, mais son âme, dans les abîmes ténébreux, abhorrés de l’intelligence ; il sera condamné à une cécité complète ; et, sur cette terre comme dans l’enfer, il ne verra que des ombres mensongères. C’est ici seulement qu’on peut dire avec vérité : Fuyons dans notre chère patrie. Mais comment fuir ? comment s’échapper d’ici ? se demande Ulysse dans cette allégorie qui nous le représente essayant de se dérober à l’empire magique de Circé ou de Calypso, sans que le plaisir des yeux ni que le spectacle des beautés corporelles qui l’entourent puissent le retenir dans ces lieux enchantés. Notre patrie, c’est la région d’où nous sommes descendus ici-bas ; c’est là qu’habite notre père. Mais comment y revenir ? quel moyen employer pour nous y transporter ? Ce ne sont pas nos pieds, — ils ne sauraient que nous porter d’un coin de la terre à un autre, — ce n’est pas non plus un char ou un navire qu’il nous faut préparer. Il faut laisser de côté tous ces vains secours… Rentre en toi-même, et examine-toi. Si tu n’y trouves pas encore la beauté, fais comme l’artiste qui retranche, enlève, polit, épure, jusqu’à ce qu’il ait orné sa statue de tous les traits de la beauté. Retranche ainsi de ton âme tout ce qui est superflu, redresse ce qui n’est point droit, purifie et illumine ce qui est ténébreux, et ne cesse pas de perfectionner ta statue, jusqu’à ce que la vertu brille à tes yeux de sa divine lumière, jusqu’à ce que tu voies la tempérance assise en ton sein dans sa sainte pureté… » |
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Les Ennéades, rassemblent les écrits de PLOTIN, corpus réalisé par son élève PORPHYRE, écrits qu'il a coupés et assemblés pour en obtenir 54 traités, qu'il ordonne en 6 groupes de 9 (ennea, engrec) pour composer 6 Ennéades. Porphyre justifie son acte par le fait que 6 et 9 sont des nombres parfaits, |
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En effet, depuis les Stoïciens, l'enseignement de la philosophie s'accomplit par paliers successifs : il faut d'abord connaître la logique et la physique avant de pouvoir se mettre à étudier l'éthique. Fidèle à ce mouvement de scolarisation de la philosophie, Porphyre classe les traités en six groupes, correspondant à chaque fois à une étape supplémentaire dans la connaissance de la réalité suprême :
Cet ordre systématique, bien qu'artificiel, est préféré par Porphyre à l'ordre chronologique des traités. Celui-ci pousse même son désir d'organisation jusqu'à ce que « toute l'œuvre de Plotin se trouve transcrite en trois volumes, dont le premier contient trois Ennéades, le deuxième deux, le troisième une seule »7. |
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Pour renvoyer correctement à un passage des Ennéades, il faut suivre une procédure particulière. Les usages universitaires imposent en effet de mentionner en premier le numéro de l'Ennéade (en chiffres romains), puis le numéro du traité concerné, le numéro du chapitre à l'intérieur du traité, et enfin le(s) numéro(s) de ligne adéquat(s). Exemple :
Il est également possible d'indiquer l'ordre chronologique du traité entre crochets droits :
Les numéros de ligne à indiquer sont ceux de l'actuelle édition de référence, due à P. Henry et H.-R. Schwyzer ; c'est sur elle que sont faites toutes les traductions récentes (elle remplace celle d'Émile Bréhier, dont le texte n'est pas toujours fiable). |
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source wikipedia |